Guillaume IX d’Aquitaine
À la fois poètes et musiciens, les troubadours au Moyen Âge s’expriment en langue occitane (un dérivé du latin) pour raconter des histoires et chanter des chansons, souvent axées sur l’amour courtois. Ils maîtrisent à la fois la poésie et la musique.
Le premier d’entre eux, Guillaume IX d'Aquitaine, né le 22 octobre 1071 et mort le 11 février 1127, est le fondateur de la poésie occitane. Il marque surtout l'histoire comme homme de lettres, qui entretient une des cours les plus raffinées d'Occident. Il y accueille, entre autre, le barde Gallois Blédri ap Davidor, qui réintroduit sur le continent l'histoire de Tristan et Iseult.
Il est considéré comme l’un des précurseurs de l’amour courtois. Même s’il évoque la guerre et ses conséquences, il traite surtout de la joie de vivre, des femmes et de l’amour. Ce qui fait de lui certainement, le premier poète à s’engager dans l’écriture érotique. L’expression littéraire de Guillaume dévoile deux aspects contradictoire de sa personne : dérision et cynisme d’un côté, grande courtoisie de l’autre.
Comme ses poèmes sont considérés obscènes et vulgaires, jusqu’à faire état de ses prouesses sexuelles, il est présenté comme un débauché. Sa vie privée (aventures avec les femmes) fait scandale, ce qui lui vaut d’être excommunié par l’évêque de Poitiers. Mais la passion qu’il voue à la Dangerosa (sa maitresse) lui fait découvrir l’amour pur, et que l’homme peut tout aussi bien aimer à la perfection: c’est le « fin’amor » qui l’entraîne vers la chanson d’amour pure pour donner naissance à la poésie courtoise.
Les textes de Guillaume sont de courts poèmes, des trobars (poèmes chantés) dont il définit lui-même les règles. En ce sens, ils contrastent avec les longs récits d’épopées. Il est également connu pour sa passion pour les arts et les lettres. C’est pourquoi sa cour ne désemplit pas, il reçoit souvent des artistes qui viennent parfois de loin.
Après une vie de luxure et de débauche dans sa cour, le roi des troubadours consacre la fin de ses jours à la religion avant de mourir en février 1127. Entre-temps il fait reconstruire le palais des comtes de Poitiers, et fait d’importantes donations à l’Eglise. De l’œuvre de Guillaume de Poitiers, malheureusement seules onze pièces et chansons nous restent. Dans certaines, il évoque l’amour, dans d’autres la guerre et ses conséquences mais toujours de manière plaisante (captivité en orient lors des Croisades).
(occitan)
Farai chansoneta nueva, |
(français)
Je ferai chansonnette nouvelle |
Qu'ans mi rent a lieys e-m liure, |
Je me rends à elle, je me livre |
Per aquesta fri e tremble, |
Pour elle je frissonne et tremble, |
Que plus es blanca qu'evori, |
Elle est plus blanche qu'ivoire, |
Qual pro-y auretz, dompna conja, |
Qu'y gagnerez-vous, belle dame, |
Qual pro i auretz s'ieu m'enclostre |
Que gagnerez-vous si je me cloître, |
Dans la douceur du temps nouveau
Les bois verdissent, les oiseaux.
Chacun dans son langage, chantent
Les vers plaisants du renouveau.
Il faut bien que tout être cherche
À satisfaire son désir !
Tant que j'ignore en vérité
Si nos cœurs sont bien accordés.
Ainsi va-t-il de notre amour
Comme la branche d'aubépine
Tout au long de la nuit, tremblante
Elle endure le froid, la pluie,
Le lendemain vient le soleil
Sur la feuille et le rameau vert.
Je me souviens d'un beau matin
Où nous mîmes fin à la guerre.
Elle me fit le don, ce jour-là
De son amour, de son anneau.
Dieu veuille que je vive assez
Pour passer les mains sous sa cape !
Peu m'importe ce que l'on dit
Pour me pousser à fuir Voisine.
Je sais ce que valent les mots.
Et comment ils vont çà et là.
D'autres d'amour se gargarisent
Moi j'en ai la chair et le dard.
Ne me viennent du lieu béni
Ni message ni lettre close,
Et mon cœur ne dort ni ne rit.
Accourir vers elle je n'ose