Hommage à Michel-Angelbert Legendre
Le 11 mai 2022, au Standard, ex François Coppée, l’Académie de la poésie française rendait hommage à Michel-Angelbert Legendre, décédé le 14 octobre 2021 à l’âge de 85 ans. Thierry Sajat et Daniel Ancelet ont remis, à titre posthume, le prix de l’Académie à son épouse et son fils pour l’oeuvre du poète.
« Amoureux de la langue française, il l’a sublimée dans tous ses écrits », se souvient Monique, son épouse. Passionné depuis l’enfance pour les belles lettres, il lit, recherche et fréquente de nombreux cercles parisiens où la poésie est mise à l’honneur. Je l’ai rencontré alors qu’il récitait « le poignard » pour Marceau Constantin à l’Académie de Lutèce ».
Michel Angelbert Lejgendre a connu de nombreux poètes : Louis Simon, Marceau Constantin, Jean Guirec, son parrain, Monica Bert, Jean-Michel Rainatour,. Il entretenait une correspondance avec des membres de l’Académie française comme Jacqueline de Romilly, Jean Dutour, Henri Troyat.
Membre de la Société des Gens de Lettres et de la Sacem, Michel-Angelbert écrivait de la poésie depuis 1967. Pour le concours d’entrée à la Sacem, en 1971, il avait choisi pour thème la nature.
Dessinateur en génie civil et bâtiment, à l’heure de la retraite, il a consacré la majeure partie de son temps aux associations œuvrant pour la poésie et la défense de la langue française, rédaction d’articles et animations de conférences :
- Académie de la Poésie Française
- le Coin de table
- Le Cerf-volant
- Le Journal à Sajat
…
Il affectionnait particulièrement les formes fixes : sonnets, ballades, rondels, rondeaux, pantoum… Il a lui-même créé en 1973 une forme fixe : le dialogue poétique. Comme il aimait à le rappeler : « J'écris de la poésie depuis 50 ans. Je me suis toujours obligé d'avoir des sujets qui n'avaient jamais été traités. C'est pourquoi j'ai créé une forme fixe il y a 40 ans, le dialogue. 4 x 6 = 24 octosyllabes par dialogue, une cinquantaine au total, publiés aux éditions Thierry Sajat et disponibles sur le site dialoguespoetiques.free.fr
Le dialogue décrit deux sujets (masculin et féminin) en opposition permanente bien qu'ils soient toujours ensemble. La fourchette et le couteau. Le jour et la nuit. Le chat et la souris etc. »
Michel-Angelbert Legendre est l’auteur de :
- La nature de l'être humain. La naissance des religions aux éditions Thierry Sajat (2016) -Méditation. Prise de conscience. Analyse des pensées. Instinct. Raisonnement
- cinq recueils de poèmes : Des rires et des pleurs (1967) Prose en vers (1969) Plus ou moins classique (1973)Le chant de l'Univers (1979) Du soleil pour tous ( 1997)
Mireille HEROS
Michel-Angelbert Lejeune au premier rang à droite, entouré de Roland Jourdan, Louis Delorme en face et Lizy au fond à gauche, aujourd'hui disparus.
Accord de Cordes
(la guitare et le violon)
De mon archet, une caresse
enveloppe une âme majeure.
Est-ce masochisme, paresse
où la morosité demeure ?
On fait miauler la tristesse;
en silence, un visage pleure.
J’ai six cordes, quatre pour vous !
La guitare est à l’ Espagnol
qui frappe fort en rythmes fous
ses talons fermes sur le sol,
scandent les styles andalous
où les chants prennent leur envol.
Voyez aujourd’hui le calvaire
où l’on vous griffe, brutalise
alors que mon archet sait plaire
et que l’atmosphère se grise.
Imaginez-moi solidaire,
offrez une douceur exquise !
Vous me considérez bien bas,
je ne peux pas en faire plus.
Sachez qu’en n’importe quel cas
la jalousie est un virus.
Accordons-nous au même pas :
Don Quichotte et Stradivarius.
7 mars 1976
Marchons !
(la chaussure et le pied)
Toi, je te prends au pied levé.
Il me fallut faire du bruit
Pour te sortir de ce passé
Rêvé dix heures dans un lit.
Tu te débrouilles comme un pied,
Tu prends douze heures pour minuit.
Tu n’es qu’une simple chaussure
Oubliant vite quelque chose…
Immobile en ta devanture
Il fut sûr que ta vie en rose
Eût été grâce à ma pointure.
Accepte que je me repose !
Tu restes bien dans le besoin
De ta chaussure te traînant.
Je protège et te mène loin
Par tous les chemins ; cependant
Tu ne prends pas souvent le soin
Que tu devrais en me cirant.
Je t’invitais en promenade,
Espérais te voir amoureuse
Et tu râles avant la balade ?
C’est une épreuve douloureuse !
Ainsi donc je te laisse en rade
En cette armoire poussiéreuse.
21 novembre 1975