Eloge funèbre d’un Poète
Abandonnant ce monde en loques
et les tourments nocifs d’une vilaine époque
où sa maman, sans réfléchir, l’avait conduit,
Jean Berteault, le poète,
a quitté la planète
et les amours désordonnées qu’il avait fui.
Honneur à toi, grand polisson !
qui fit notre bonheur en comblant de chansons
nos commensaux ravis par tes gauloiseries !
Berteault fut-il coquin ?
Aima-t-il trop le vin ?
Mais non ! Ce qu’il aimait, c’était la poésie.
Tu te riais de Cupidon,
d’Eros, de Thanatos, sans demander pardon
aux dieux, mais dans ton cœur tu enfermais les peines.
Tu avais un passé !
mais sans l’aimer assez
pour en parler aux seuls amis qui se souviennent.
Et nous t’avons laissé partir,
indifférents à tes secrets, à ton martyr,
vers la vieillesse et son cortège de misères.
Quel abandon !
Vieux compagnon
de route, et nous pensions pourtant être des frères !
De nos médiocrités déçu
et de ce vilain siècle où nous avons vécu,
tu pris un jour congé en cachant ta souffrance
Berteault que n’as-tu dit
que nos temps sont pourris
et combien tu pleurais sur notre Vieille France !
Chaunes
Décembre 2023