Photos Jean Ginesty
Véritable titi parisien, Alain Paucard, auteur de « Je suis parisien mais je me soigne » plonge le lecteur dans l'Histoire de Paris, ses rues, ses trésors, ses chansons, mais aussi ses personnages plus ou moins connus...
Avec 42 livres à son actif, Alain Paucard, invité de l’Académie de la poésie française le 8 mars 2023, ne connaît pas les affres de la page de blanche. Comme il aime à le dire « quand on n’a rien à dire, on n’écrit pas ». Du Audiard dans le texte. Pour lui l’inspiration n’existe pas. Le sujet d’un livre trouve sa source dans le détail d’un film, d’un livre ou encore d’une rencontre dans la rue. En un mot son expérience littéraire se nourrit de sa propre expérience. Enfin, Alain Paucard a pour principe de commencer un livre par le titre.
Celui qui se définit comme un incurable Parigot est en réalité un fin connaisseur voire un érudit de la Capitale et de sa banlieue. Et son dernier ouvrage « Je suis Parisien mais je me soigne » est là pour le prouver. Un brin râleur, il est le président à vie du club des ronchons, parfois sarcastique mais toujours avec humour, Alain Paucard s’insurge contre le socialisme de caserne des tours et égratigne au passage la charte d’Athènes de Le Corbusier, les « verrues » laissées par François Mitterrand comme la Pyramide du Louvre ou encore les quatre livres ouverts de la Bibliothèque Nationale de France, en un mot l’architecture contemporaine.
Au chapitre des rues, il regrette la part congrue réservée aux poètes alors qu’une large place est accordée aux défaites et aux figures politiques. Alain Paucard raconte avec dérision, avoir fait confectionner une plaque à son nom pour remplacer celle d’un kinésithérapeute qui avait déménagé. Il était écrit « Ici vit Alain Paucard, écrivain méconnu ». Elle fut arrachée en moins d’un mois ! Et l’auteur de rappeler que « pour bien se promener dans Paris, il faut lever les yeux...et vous retrouverez des caryatides, des atlantes, des bas-reliefs, des ateliers d’artistes, bref, tout ce qui se compose au fil du temps avec le minimum d’intervention municipale ». En témoigne la visite du jardin des Poètes, à la Porte d’Auteuil, à côté des serres du même nom. Le long de ses allées, à hauteur des pas, en contrebas des pelouses, 48 stèles comportent le nom d’un poète, de Villon à Verlaine et sont illustrées d’un distique.
Un brin nostalgique, Alain Paucard regrette l’enfermement de Paris dans un corset de fer d’autant que les banlieues recèlent quelques trésors comme les cités ouvrières de l’entreprise de chocolat Menier à Noisiel, les cités-jardins d’Henri Sellier, la Vallée aux loups, « une excursion heureusement méconnue, tout comme le parc de Saint-Cloud et les Étangs de Ville d’Avray. Lors de ses escapades banlieusardes, l’auteur ne manque pas de s’arrêter à Fontenay-aux Roses, sur la route de la Vallée aux loups, pour se recueillir devant la maison de Paul Léautaud, écrivain qu’il vénère.
Sous les coups de gueule de cet écrivain qui manie tous les genre littéraires, affleure la tendresse d’un amoureux de sa ville, sa patrie qu’il n’a jamais quittée. « Il en est de Paris comme de la dernière scène des visiteurs du soir (film de 1942). Paris , telle la femme de Loth, est changée en statue mais de béton. Les immeubles modernes y ont poussé comme des champignons depuis soixante ans. J’arrive pourtant à me persuadé que son cœur continue de battre ».
Mireille Héros
Je suis Parisien mais je me soigne
Illustrations Philippe Dumas peintre, auteur et dessinateur.
Editions Héliopoles
Né en 1945, Alain Paucard ne vit qu’à Paris. Président du Club des Ronchons, il manifeste sa joyeuse mauvaise humeur dans près de trente titres comme Les Criminels du béton (1991) ou La Crétinisation par la culture (1998). Il n’a pas négligé le roman, d’abord le policier sous le pseudonyme farceur de Humphrey Paucard, puis son nom : Lazaret (1986), couronné par l’Académie française, Tirez sur l’architecte (2000) et le prix Simone Genevois, récompensant le meilleur livre de cinéma en 2001 pour La France de Michel Audiard.