Martin Zeugma est né au milieu des années 70. A 13 ans, il tape ses premiers textes sur la machine à écrire à ruban de sa mère, qui enseignait le secrétariat.
Depuis, il n’a jamais cessé d’écrire.
Depuis 1997, il a publié 191 textes (poèmes, nouvelles, et études bio-bibliographiques notamment sur Jean-Pierre Duprey et Paul Valet) dans 64 revues francophones (France, Belgique, Suisse, Sénégal, Canada, Haïti).
Il a participé à plusieurs anthologies :
- nouvelles fantastiques aux éditions la clef d'argent (« à l'assaut du ciel , 2021),
- nouvelles érotiques aux éditions alopex (« si je te trouble , 2023),
- deux anthologies de poésie aux éditions Luna Rossa (« rouge » , 2022 ; « paris » , 2023).
il y a dans le noir amour et désamour
qui s'enlace à jamais s'enlace pour toujours
c'est dans le premier pas que vit toute la danse
et dans le premier mot que juge la sentence
et dans le processus où la vie voit le jour
la mort est dans ses pas elle joue dans sa cour
la vie est de la mort sa plus fidèle engeance
l'une n'est pas sans l'autre au plan de la balance
l'amour est dans la boîte ainsi que l'est le chat
et tous deux sont vivants et sont morts à la fois
tant que l'on ne veut pas soulever le couvercle
c'est que l'on s'aime encore et qu'il fait beau dehors
c'est qu'il faut oublier qui a raison ou tort
d'ouvrir ou de laisser fermé le réceptacle
Martin Zeugma
comme un jour malheureux où tu m'as fait pleurer
et qu'il pleut sur mon cœur des sanglots de carême
cet instant obsédant qui ne fait que durer
où l'amour est brisé et où grandit la peine
où le nez sur la vitre on regarde la pluie
et où l'on fait le vœu que le soleil soit mort
à l'intérieur de soi tout suffoque et se tord
et s'assèche et se meurt toute chose doucie
et il pleut sur mon cœur comme écrivait Verlaine
et il pleut sur la ville alors que vient la nuit
l'univers est glacial la tristesse infinie
tu me serrais si fort en me disant je t'aime
je voyais le zénith quand il était minuit
c'était il y a deux jours et puis tu es partie
Martin Zeugma
il y avait la guerre il avait quatorze ans
et le cœur d'un enfant et les désirs d'un homme
il y avait Gomorrhe il y avait Sodome
et le bruit des canons et les cris des amants
l'amour vient un beau jour sans pourquoi ni comment
il était anonyme voilà qu'on le prénomme
il était inconnu voici qu'on le consomme
il est omniprésent avant que d'être absent
il tutoyait le ciel et Claudel et Cocteau
aux flammes de la vie que n'éteint aucune eau
il y avait la guerre et puisqu'elle était belle
il vivait comme s'il ne devait pas mourir
la fièvre typhoïde a choisi d'en finir
il est mort dans une aube ensemencée d'étoiles
elle rabat sa mèche en travers de sa tête
et son geste m'obsède et son geste m'entête
et je vois son regard qui cherche mon regard
et dans ses clignements se détruit le hasard
elle rabat sa mèche et contre toute attente
c'est bien ce geste-là qui me parle et me hante
et dans son profil grec et dans ses cheveux gris
il y a mon passé qui d'un coup s'est enfui
elle rabat sa mèche et pour qui le remarque
de sa main étoilée elle impose sa marque
qui part de sa poitrine et va jusqu'à son front
sur l'avers de la Lune on voit l'aube qui brille
quand au revers du ciel s'assemblent mille arilles
elle rabat sa mèche où l'on bâtit des ponts
Martin Zeugma