Après une longue carrière dans la vie associative, Annie Leroy consacre la majeure partie de son temps à la poésie. Elle est l'auteur d'un recueil, publié aux éditions Sajat en 2020.
Près d’un petit hameau coulait une rivière
Qui s’était installée, depuis longtemps, déjà ;
Avait creusé son cours ; façonné sa litière,
En gazouillant gaiement, quand on passait par là.
Mais, un jour, une envie, un peu aventurière,
Vint hanter les pensées de ce galant ruisseau :
Il voulait conquérir le cœur d’une héritière
Qui vivait tout en haut, dans un joli château.
Il harangua, bientôt, ses compagnes de route,
Toutes les gouttes d’eau : la force des torrents.
« Groupez-vous mes amies, foncez coûte que coûte !
Aidez-moi à franchir les chemins et les champs
Pour prendre dans mes bras et envelopper toute
Ma belle en son manoir, dans mes flots frémissants.
Elle a volé mon cœur, que son regard envoûte ! »
(Annie Leroy, le 25/06/2021)
Dans le ciel de France
Volent des oiseaux
Nous avons la chance
D’en voir de très beaux
Perchés sur les branches
Des arbres fleuris
Voyez comme ils tranchent
Par leurs coloris
Et dans le silence
Que vous observez
Là, votre patience
Est récompensée.
Dans le ciel de France
Chantent des oiseaux
Ici, l’insouciance
Les rendent joviaux.
Dans le ciel d’Ukraine
Hélas, plus d’oiseaux !
Ils n’y trouvent graines,
Insectes, roseaux…
Plus un seul refuge
Pour s’y reposer
Et tant de grabuge :
Il faut se sauver !
Il y pleut des bombes
Qui détruisent tout
C’est une hécatombe ;
Désastre partout !
Et voilà l’exode
Des populations
Un triste épisode
De malédictions
Les oiseaux, de même,
Fuyant les combats,
D’un élan suprême
Désertent ici-bas.
Dans le ciel d’Ukraine,
Quand donc les oiseaux
Retrouveront graines,
Insectes, roseaux ?
(Annie Leroy, le 30/03/2022)
Je sais qu’un champ de blé roussi par le soleil
Ondulant sous le vent sa blonde chevelure,
Appelait un oiseau, qui dans le soir susurre :
Délicieux chant d’amour à nul autre pareil.
J’ai vu rouler, la nuit, longues vagues heurtées,
Ce vieux fleuve languide, aux flots azuréens,
Caressant les roseaux, de bras herculéens,
Scintiller sous la lune, les étoiles bleutées.
J’ai rêvé que l’hiver, tombant sur nos épaules,
Y posait lourdement son grand manteau glacé,
Qui nous enveloppait pour mieux nous transpercer,
Longue pelisse blanche, empruntée aux deux pôles,
J’aurais voulu courir, alors, à perdre haleine ;
Echapper, enfin, à la colère des Dieux :
Qui sème la terreur parmi les audacieux :
Tempête qui rugit et dévaste la plaine.
J’ai suivi le sentier que dévoilait le jour
Dès que l’astre doré nous offrit sa lumière
Fourbissant ses rayons pour réchauffer la terre,
Assurer, des humains, l’agréable séjour.
Je descendais, pensif, de la Montagne Noire,
Tourmenté, soucieux de suivre mon chemin,
Inquiet, comme sont les tout petits gamins
Egarés, sans parents, hors de leur territoire.
J’ai aimé retrouver le poteau de bornage,
Colonne bien-aimée, que l’on veut caresser ;
Phare d’Alexandrie ; sémaphore embrassé,
Dont la lance pointée désigne mon village !
(Annie Leroy, le 8/12/2021)