Retraité, Daniel Lajeunesse était cadre dans l'industrie automobile. En retraite depuis août 2009, il a retrouvé sa plume après quelques poèmes d'époux et de père, et ne l'a plus quittée. Il a été lauréat de la section classique du concours de l'Académie en 2021 pour son poème "Tromperie de jeunesse"
Qu’a t’elle pour tant plaire en ce printemps naissant ?
Serait-ce ce parfum que la rime dépose
Dans le coeur de la douce et dont le rythme impose
De n’être que splendeur, moment éblouissant ?
Ou bien cette musique au pouvoir caressant,
Enveloppant d’azur la grâce qui repose
Sur le vers et les mots et qu’un rêve transpose
En un hymne à l’amour, refrain étourdissant ?
Elle chante, elle coule, elle est source de joie,
Enivrante et câline en sa robe de soie.
C’est une ritournelle, instant d’envoûtement !
Oh, Dame Poésie en l’âme du trouvère,
Si grande est ta beauté dans l’oeillet florifère !
Déclame-la, Poète ! Elle est enchantement !
Daniel Lajeunesse
Il voulait simplement me parler d’un voyage
Qu’il aurait voulu faire et ne fera jamais.
Cet ailleurs inconnu, qu'il parcourt désormais,
N'est plus qu'un jour trop long de brouillard et d'orage.
Sa raison déchirée aux portes de l'oubli,
Il traverse son monde, esseulé, sans bagage.
Et quand il vient s'asseoir, perdu sur son nuage,
C'est que naît la fatigue en son pas affaibli.
J'ai posé devant lui des photos du village,
Pour rallumer un peu la flamme du passé.
Il m'a dit 'c'est chez moi' puis a tout effacé
De ses yeux... le sourire et l'instant du partage.
Dans ces couloirs si grands, il s'égare en chemin,
Il cherche... ne sait pas... il n'est plus qu'un visage
Hébété dans l'errance, au bout de son naufrage...
Quand une dame en blanc vient lui prendre la main…
30 décembre 2022
Côté Rochechouart une âme se promène
Entraînant dans ses pas des airs de cabaret,
Ces refrains qu’autrefois, un petit vin clairet,
Accompagnait toujours jusqu’au bord de la scène.
L’écharpe rouge au cou sur une cape noire
Et sur la tête un feutre aux bords démesurés,
Sur la table, debout, pour quelques égarés,
Le chansonnier lançait une chanson à boire.
Le Chat noir est parti plus loin chercher fortune
Et la bière a coulé, au Mirliton, depuis,
Tant le temps a passé, l’artiste s’est enfui
Pour d'autres horizons et d'autres clairs de lune.
Côté de Saint-Vincent une vigne respire
Le parfum oublié des gouailles d’antan
Et se languit encor du poète chantant
La joli’ vigne au vin… et Montmartre soupire.
J’ai rêvé d’être un jour, de Montmartre, un poulbot
Et que de Caulaincourt jusqu’au funiculaire
De ce Paris vivant, ce Paris populaire,
D’en rester le titi jusqu’au jour du tombeau.
J’ai rêvé que j’étais, de Montmartre, l’artiste,
Celui qui, d’un pinceau, en fleurit le carré,
Ou celui qui, le soir, du fond d’un cabaret,
Déclame son amour en une chanson triste.
J’ai tant rêvé Montmartre en une seule nuit
Que le gris des pavés est devenu lumière
Et que du Sacré-Coeur s’élève une prière
Pour Dimey et son mal de vivre son ennui.
J’ai rêvé si souvent du Montmartre bohème
Que j’ai laissé mon coeur et mes plus beaux printemps
Au village perché des poètes chantants
Et gravé sur un mur mon plus doux des je t’aime.
Mur des je t'aime à Montmartre