En août 1605, Henri IV marche sur Limoges et désarme le soulèvement organisé par les amis du duc de Bouillon. Il fait quérir Malherbe par M. Des Yveteaux et lui commande une pièce de vers. Contrairement à son habitude, le poète ne finasse pas et livre Prière pour le roi allant en Limousin. C’est le succès
Nous sommes sous un roi si vaillant et si
sage,
Et qui si dignement a fait l'apprentissage
De toutes les vertus propres à commander,
Qu'il semble que cet heur nous impose silence,
Et qu'assurés par lui de toute violence
Nous n'avons plus sujet de te rien demander.
…
Mais ce roi, des bons rois l'éternel
exemplaire
Qui de notre salut est l'ange tutélaire,
L'infaillible refuge et l'assuré secours,
Son extrême douceur ayant dompté l'envie,
De quels jours assez longs peut-il borner sa vie,
Que notre affection ne les juge trop courts ?
C’est un bon début mais reste encore à devenir un homme de cour. Grâce à Du Vair et Des Yveteaux, il est introduit dans la société des érudits et des lettrés . Il est admis au cabinet de Marie de Médicis, la princesse de Conti, Madame de Guise et le duc de Bellegarde, qui le fait nommer « gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, avec à la clé 2 000 livres de revenus ! Ce n’est pas suffisant pour Malherbe. Reste à conquérir le titre de poète du roi. Qu’à cela ne tienne. Il met de la distance avec ses amis et n’a plus qu’une idée en tête : déboulonner Philippe Desportes le poète officiel. Sa poésie baroque n’a pas l’heur de plaire à Malherbe qui veut imposer sa doctrine poétique. Malherbe s’y prend de manière peu élégante . L’occasion se présente lors d’un dîner chez le maître, où le neveu de ce dernier , Mathurin Régnier, a invité Malherbe. Au moment du potage Desportes propose de lire quelques extraits de son recueil Psaumes, Malherbe jette : « Cela ne vaut pas la peine de monter, le potage vaux mieux que les psaumes. Malherbe poursuivra son entreprise de démolition en annotant toutes les œuvres de l’homme de lettres dans son Commentaire sur Desportes, daté de 1606. Ce livre qui s’avère comme un traité poétique, ne sera jamais publié.
Les évènements se précipitent. A la manière d’un échotier, Malherbe compose des poèmes de circonstances sur l’actualité :
- ode sur l’attentat commis le 19 décembre 1606
- ode au feu roi sur l’heureux succès du voyage à Sedan Dans le même temps, il s’éprend de l’épouse du Vicomte d’Auchy et entretient une relation épistolière avec celle qui signe Caliste. Il prend le surnom de de « Père Luxure ».