Aragon : l’enfant de personne, homme du XXème siècle
A la fois poète et romancier, grand écrivain et homme politique, auteur consacré par le grand public, Aragon n’aura de cesse de chanter la France résistante, le parti communiste et l’amour d’Elsa, sa muse.
Fils naturel de Marguerite Toucas et de Louis Andrieux, ancien préfet de police et sénateur, Louis Aragon naît à Paris le 3 octobre 1897. Victime des convenances bourgeoises de l’époque, il devra attendre sa 14ème année pour être déclaré : né de parents inconnus. La famille bâtit un incroyable échafaudage de mensonges avec une fausse mère adoptive - sa grand-mère- et une fausse sœur - sa mère tandis que ses tantes deviennent ses sœurs et que son père devient un vague parrain.
Son père invente le nom d’Aragon en souvenir d’une ancienne maîtresse, alors qu’il était ambassadeur en Espagne. Pour évacuer cet impossible héritage familial, le jeune Louis coupera les ponts et se forgera une famille au sein du groupe des surréalistes puis du parti communiste
Néanmoins, ce contexte familial, quelque peu étrange, constitue une source d’inspiration pour les romans de ce prodige qui écrit dès l’âge de cinq ans. Par exemple, il fait revivre son grand-père dans « les voyageurs de l’impériale ». Son œuvre portera en filigrane la secrète blessure de n'avoir pas été reconnu par son père, de trente-trois ans plus âgé que sa mère. Celle-ci lui apprendra la vérité juste avant son départ pour le front. Il évoquera ce secret partagé avec sa mère dans un ensemble de trois poèmes intitulé Domaine Privé.
L’aventure surréaliste
Après de brillantes études, il se dirige vers la médecine en 1915. En 1917, médecin auxiliaire au Val de Grâce, il rencontre André Breton. au « Quatrième fiévreux » du Val-de-Grâce, le quartier des fous. Les deux carabins se découvrent un goût commun pour Rimbaud et Lautréamont et se lient d’amitié avec Philippe Soupault, qui fait office de brancardier. Louis Aragon entre dans le mouvement surréaliste avec pour modèle absolu : Guillaume Apollinaire. Il part au front et commence à écrire « Anicet ». Sur la route d’Alsace, une missive de Breton lui apprend la mort de son idole.
Sur le front, il fait l'expérience des chairs blessées, de la violence extrême de la Première guerre mondiale, d'une horreur dont on ne ressort pas indemne et qui réapparaîtra constamment dans son œuvre. Elle est d’ailleurs à l'origine de son engagement futur pour la paix. Il reçoit la croix de guerre et reste mobilisé jusqu'en juin 1919 en Rhénanie occupée, épisode qui lui inspirera le poème aux vers célèbres : « est-ce ainsi que les hommes vivent » chanté par Léo Ferré et publié dans le « roman inachevé ».
Au cours d’une permission, il expérimente « les champs magnétiques » et l’écriture automatique avec Breton et Soupault. Il s’engage dans le mouvement surréaliste qui associe la révolte à la beauté de la modernité.
Libéré de ses obligations militaires, il abandonne la médecine et rejoint Breton au service d’un riche couturier, mécène des jeunes avant-gardistes, Jacques Doucet. Il publie son premier recueil de poèmes « Feu de joie » dans la maison d’édition « Au sans Pareil », dirigée par René Hilsum, un ami de Breton.
Les avant-gardistes artistiques et littéraires sont très proches. Aragon portera toujours une attention extrême à l’art moderne. Braque et Picasso sont l’objet d’un véritable culte tout comme Duchamp et Picabia, Chirico, Derain, Brancusi et Mir, Soutine, Ernst, Tanguy, Malkin et Masson, Dali, Man Ray et Arp. C’est d’ailleurs de l’art que provient le choc de la découverte du mouvement Dada.
L’écho de ce mouvement lancé à Zurich en 1916 par Tristan Zara, arrive aux oreilles d’Aragon et de ses amis fin 1918. Véritablement conquis, Breton diffuse le manifeste Dada. Les choses se gâtent quand Tristan Tsara débarque à Paris début 1920. Le surréalisme se veut une discipline exigeante à laquelle Aragon se plie. En 1925, les surréalistes entrent en politique avec la guerre du Rif. Ils se tournent alors vers les communistes à l’avant-garde de la lutte antimilitariste et anticoloniale.
Après des crises personnelles (tentative de suicide à Venise après sa rupture avec Nancy Cunard), Louis Aragon publie un recueil de poésies de pure facture surréaliste, La Grande gaîté, des poèmes érotiques composés avec Benjamin Péret, sous le titre 1929, fin 1931, puis Front rouge dans la revue « La littérature de la révolution mondiale ». La revue est saisie et Aragon est inculpé pour incitation à la désobéissance et provocation au meurtre. L’Humanité le lâche. André Breton vole à son secours, organise la protestation tout en polémiquant avec l’Humanité pour ses attaques contre les surréalistes. Néanmoins Louis Aragon se désolidarise de son défenseur. La rupture est consommée. C’en est fini du surréalisme d’Aragon qui entre dans l’univers communiste et ne le quittera plus.
Le poète militant
La voie sur laquelle s’engage Aragon, il y a les beaux yeux d’Elsa Triolet, l’URSS et le parti communiste français. Ses premiers pas de communiste le conduisent à Moscou avec Elsa. Il fait l’apprentissage de l’URSS, de sa langue et de sa vie littéraire. A son retour, il publie chez Denoël, le recueil de poèmes Houra l’Oural .
Il se donne corps et âme au parti. Il entre comme simple journaliste chargé des faits divers à l’Humanité, sourd et aveugle aux purges qui sévissent. Il rencontre Maurice Thorez qui lui confie la revue la Commune qu’il co-dirige avec Paul Nizan . Ils en font le principal instrument de la mobilisation antifasciste des intellectuels. Aragon devient le passeur incontournable en matière de littérature et publie chez Denoël : Pour un réalisme socialiste
Parallèlement, Aragon débute une nouvelle carrière de romancier au service du Parti avec Les Cloches de Bâle (1934) qui raconte l'évolution de plusieurs personnages bourgeois (et notamment des femmes) vers le communisme. Sur le modèle de Balzac et de Zola, il entame alors un grand cycle romanesque qu'il appelle Le Monde réel avec Les Beaux Quartiers (1936), Les Voyageurs de l'Impériale (1939), Aurélien (1944), et enfin Les Communistes (1949-1951) qu'il réécrira entièrement en 1966-67.
Retour aux sources
La « drôle de guerre » et surtout la défaite de juin 40, font resurgir le poète qui est en lui. Il entre dans la 2ème guerre mondiale comme un malfaiteur. Le parti communiste est interdit, le journal Ce soir est saisi. Aragon se retrouve isolé dans le régiment qu’il rejoint. Cependant, il en ressortira tout en haut de la hiérarchie des lettres. La guerre avec la censure qu’elle provoque sur la prose redonne aux vers leur première place. Avec Crève-cœur en 1939, il se fait le héraut de la contrebande poétique et marquera toute la période de la Résistance française avec, notamment, Les Yeux d'Elsa (1942), Brocéliande (1942), Le Musée Grévin (1943) et La Diane Française (1944).
Dans la préface des Yeux d’Elsa, il se réclame d’une tradition poétique nationale et de l’art médiéval des poètes courtois. Il pousse son lecteur à lire entre les lignes de ses poèmes en disant : « qu’il préfère le prestidigitateur qui brûle ses tours sitôt faits en les expliquant au public » Drieu la Rochelle, en faveur de l’occupation, l’accuse alors d’appel à la résistance littéraire. Aragon répond par « plus belle que les larmes » :
Il y a dans le vent qui vient d’Arles des songes
Qui pour en parler haut sont trop près de mon cœur
Quand les marais jaunis d’Aunis et de Saintonge
Sont encore rayés par les chars des vainqueurs
A la libération, Aragon est sacré poète national. Il a trouvé un ton et une forme qui lui permettent de s’inscrire dans une continuité à la fois politique et littéraire : celle de la Nation. Après Paul Eluard, il ouvre une nouvelle collection chez Pierre Seghers (poète et éditeur) « Poètes d’aujourd’hui »
Jusqu’en 1960, Aragon se fait le chantre de la poésie de la guerre : la rose et le réséda, il n’y a pas d’amour heureux, … En 1954, il réunit dans l’anthologie Journal d’une poésie nationale, des poètes comme Guillevic.
Célébré et puissant, Aragon poursuit son engagement politique et soutient sans ambiguïté et, sans doute en connaissance de cause, les dérives staliniennes du communisme. Après la mort de Staline (1953) et le rapport Khrouchtchev (1956), qui dénonce les atrocités commises sous le régime précédent, Aragon traverse une véritable crise qui le mènera au bord du suicide et dont il ne sort qu'en se livrant entièrement à la direction d'un grand hebdomadaire littéraire, Les Lettres françaises qu’il dirigera de 1953 à 1972. Deux grandes œuvres naîtront cependant de cette crise : Le roman inachevé (1956), autobiographie poétique immédiatement saluée comme un chef-d'œuvre par toute la critique et La Semaine Sainte (1958), gigantesque reconstitution mi-historique mi-romanesque d'un des derniers épisodes de la carrière napoléonienne.
Membre à part entière du Comité central du Parti communiste français, il se fait l’apôtre de l’ouverture et publie Littératures soviétiques chez Denoël en 1955.
Papa Aragon
A la fois poète et romancier, grand écrivain et homme politique, élu à l’académie Goncourt, Aragon est un auteur consacré par le grand public. Sa poésie résonne d’un nouvel écho avec les chansons de Léo Ferré sous le titre de « Père Aragon ». Jean Dutourd lui consacre une anthologie poétique, une parmi d’autres. A 70 ans, Aragon l'insaisissable, le tortueux, est devenu un incontournable dans le paysage littéraire mais la révolte des étudiants en 1968 va tout bouleverser.
Aragon prend parti pour cette jeunesse qui comme les surréalistes à son époque veut changer la société. Il tente de prolonger le dialogue avec un numéro spécial des Lettres françaises. Hélas les chars soviétiques entrent dans Prague en juillet de la même année. Celui que les jeunes gauchistes appellent papa Aragon est renvoyé dans ses foyers communistes. Le souvenir de Budapest est encore très présent dans les mémoires. Aragon est contraint de démissionner de l’académie Goncourt où il vient d’être élu. Il perd sur tous les plans tant politique que littéraire. La revue des Lettres françaises rend l’âme en octobre 1972, devenue plus gênante qu’utile pour le parti communiste auquel Aragon restera attaché jusqu’à son dernier souffle. Dans le dernier numéro, il se dépeint sous les traits de l’écrivain sacrifié qui n’a plus les cartes en main.
La mort d’Elsa, le 16 juin 1970, tourne la dernière page du roman de sa vie. Vient alors le temps de la biographie avec un retour sur l’enfance et bien sûr l’aventure du surréalisme. Il survit en changeant radicalement de style de vie et en affichant dans les médias ses relations homosexuelles, notamment avec Jean Ristat. Écrivain et poète ce dernier lui fermera les yeux le 24 décembre 1982. Sa mort sera suivie d'un concert étonnant de louanges et de cris de haine qui ne s'est guère estompé depuis.
Mireille HEROSLe poète militant
La voie sur laquelle s’engage Aragon, il y a les beaux yeux d’Elsa Triolet, l’URSS et le parti communiste français. Ses premiers pas de communiste le conduisent à Moscou avec Elsa. Il fait l’apprentissage de l’URSS, de sa langue et de sa vie littéraire. A son retour, il publie chez Denoël, le recueil de poèmes Houra l’Oural .
Il se donne corps et âme au parti. Il entre comme simple journaliste chargé des faits divers à l’Humanité, sourd et aveugle aux purges qui sévissent. Il rencontre Maurice Thorez qui lui confie la revue la Commune qu’il co-dirige avec Paul Nizan . Ils en font le principal instrument de la mobilisation antifasciste des intellectuels. Aragon devient le passeur incontournable en matière de littérature et publie chez Denoël : Pour un réalisme socialiste
Parallèlement, Aragon débute une nouvelle carrière de romancier au service du Parti avec Les Cloches de Bâle (1934) qui raconte l'évolution de plusieurs personnages bourgeois (et notamment des femmes) vers le communisme. Sur le modèle de Balzac et de Zola, il entame alors un grand cycle romanesque qu'il appelle Le Monde réel avec Les Beaux Quartiers (1936), Les Voyageurs de l'Impériale (1939), Aurélien (1944), et enfin Les Communistes (1949-1951) qu'il réécrira entièrement en 1966-67.
Retour aux sources
La « drôle de guerre » et surtout la défaite de juin 40, font resurgir le poète qui est en lui. Il entre dans la 2ème guerre mondiale comme un malfaiteur. Le parti communiste est interdit, le journal Ce soir est saisi. Aragon se retrouve isolé dans le régiment qu’il rejoint. Cependant, il en ressortira tout en haut de la hiérarchie des lettres. La guerre avec la censure qu’elle provoque sur la prose redonne aux vers leur première place. Avec Crève-cœur en 1939, il se fait le héraut de la contrebande poétique et marquera toute la période de la Résistance française avec, notamment, Les Yeux d'Elsa (1942), Brocéliande (1942), Le Musée Grévin (1943) et La Diane Française (1944).
Dans la préface des Yeux d’Elsa, il se réclame d’une tradition poétique nationale et de l’art médiéval des poètes courtois. Il pousse son lecteur à lire entre les lignes de ses poèmes en disant : « qu’il préfère le prestidigitateur qui brûle ses tours sitôt faits en les expliquant au public » Drieu la Rochelle, en faveur de l’occupation, l’accuse alors d’appel à la résistance littéraire. Aragon répond par « plus belle que les larmes » :
Il y a dans le vent qui vient d’Arles des songes
Qui pour en parler haut sont trop près de mon cœur
Quand les marais jaunis d’Aunis et de Saintonge
Sont encore rayés par les chars des vainqueurs
A la libération, Aragon est sacré poète national. Il a trouvé un ton et une forme qui lui permettent de s’inscrire dans une continuité à la fois politique et littéraire : celle de la Nation. Après Paul Eluard, il ouvre une nouvelle collection chez Pierre Seghers (poète et éditeur) « Poètes d’aujourd’hui »
Jusqu’en 1960, Aragon se fait le chantre de la poésie de la guerre : la rose et le réséda, il n’y a pas d’amour heureux, … En 1954, il réunit dans l’anthologie Journal d’une poésie nationale, des poètes comme Guillevic.
Célébré et puissant, Aragon poursuit son engagement politique et soutient sans ambiguïté et, sans doute en connaissance de cause, les dérives staliniennes du communisme. Après la mort de Staline (1953) et le rapport Khrouchtchev (1956), qui dénonce les atrocités commises sous le régime précédent, Aragon traverse une véritable crise qui le mènera au bord du suicide et dont il ne sort qu'en se livrant entièrement à la direction d'un grand hebdomadaire littéraire, Les Lettres françaises qu’il dirigera de 1953 à 1972. Deux grandes œuvres naîtront cependant de cette crise : Le roman inachevé (1956), autobiographie poétique immédiatement saluée comme un chef-d'œuvre par toute la critique et La Semaine Sainte (1958), gigantesque reconstitution mi-historique mi-romanesque d'un des derniers épisodes de la carrière napoléonienne.
Membre à part entière du Comité central du Parti communiste français, il se fait l’apôtre de l’ouverture et publie Littératures soviétiques chez Denoël en 1955.
Papa Aragon
A la fois poète et romancier, grand écrivain et homme politique, élu à l’académie Goncourt, Aragon est un auteur consacré par le grand public. Sa poésie résonne d’un nouvel écho avec les chansons de Léo Ferré sous le titre de « Père Aragon ». Jean Dutourd lui consacre une anthologie poétique, une parmi d’autres. A 70 ans, Aragon l'insaisissable, le tortueux, est devenu un incontournable dans le paysage littéraire mais la révolte des étudiants en 1968 va tout bouleverser.
Aragon prend parti pour cette jeunesse qui comme les surréalistes à son époque veut changer la société. Il tente de prolonger le dialogue avec un numéro spécial des Lettres françaises. Hélas les chars soviétiques entrent dans Prague en juillet de la même année. Celui que les jeunes gauchistes appellent papa Aragon est renvoyé dans ses foyers communistes. Le souvenir de Budapest est encore très présent dans les mémoires. Aragon est contraint de démissionner de l’académie Goncourt où il vient d’être élu. Il perd sur tous les plans tant politique que littéraire. La revue des Lettres françaises rend l’âme en octobre 1972, devenue plus gênante qu’utile pour le parti communiste auquel Aragon restera attaché jusqu’à son dernier souffle. Dans le dernier numéro, il se dépeint sous les traits de l’écrivain sacrifié qui n’a plus les cartes en main.
La mort d’Elsa, le 16 juin 1970, tourne la dernière page du roman de sa vie. Vient alors le temps de la biographie avec un retour sur l’enfance et bien sûr l’aventure du surréalisme. Il survit en changeant radicalement de style de vie et en affichant dans les médias ses relations homosexuelles, notamment avec Jean Ristat. Écrivain et poète ce dernier lui fermera les yeux le 24 décembre 1982. Sa mort sera suivie d'un concert étonnant de louanges et de cris de haine qui ne s'est guère estompé depuis.
Mireille HEROS
Bibliographie
Louis Aragon de Philippe Olivera
Elsa Aragon, le couple ambigu de Dominique Santi
Rétronews, site de la presse de la BNF
Les annales de la société des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet
Elsa la muse
« Passez mes souvenirs folie ô mes années
Et tu vins en novembre et sur quelques paroles
Ma vie a tout d’un coup tout autrement tourné
Un soir au bar de la Coupole »
Aragon, Les Yeux et la Mémoire, 1954.
« Je ne suis pas rentrée à Moscou. […] Je t’ai rencontré et je suis restée en France. C’était en 1928 »
Elsa Triolet, « Ouverture », préface aux Œuvres romanesques croisées, 1964.
A l’image de Jean-Paul Sartre et Simonne de Beauvoir, Louis Aragon et Elsa Triolet formaient un couple mythique
Elsa Triolet est née le 12 septembre 1896 à Moscou . Elle grandit dans une famille d'artistes : sa sœur aînée, Lili, est la compagne du poète Vladimir Maïakovski, et elle-même est amie avec Victor Chklovski et Roman Jakobson. De ces rencontres naît la passion de la jeune femme pour la poésie.
Mariée en premières noces à André Triolet, un officier français dont elle gardera le nom, Elsa rencontre Aragon en 1928, qui en fera sa muse jusqu'à la fin de ses jours. Elle lui ouvre les portes des cénacles moscovites.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le couple rejoint la Résistance. C'est au cours de cette période qu'Elsa Triolet compose ses oeuvres les plus célèbres. Son roman "Le cheval blanc" paraît en 1943. En 1945, elle est la première femme à obtenir le prix Goncourt grâce à son recueil de nouvelles "Le premier accroc coûte 200 francs". Après la guerre, elle fonde et dirige plusieurs associations de promotion du livre et de la lecture. Elle traduit les écrivains russes. En 1953 sort "Le cheval roux", suivi de "Rendez-vous des étrangers" en 1956. Dans les années 1960, le couple publie des œuvres croisées regroupant ses lettres ou meilleures pages. En 1961, Elsa Triolet doit subir une opération, dont elle ne se remet pas complètement. Elle décède d'une crise cardiaque en 1970.
Organe du Comité national des écrivains, Les Lettres françaises est un hebdomadaire français culturel fondé clandestinement en 1942 sous l'Occupation par les écrivains Jacques Decour et Jean Paulhan. S'élevant contre le régime de Vichy, le titre a bénéficié de la collaboration de nombreux artistes comme Raymond Queneau, François Mauriac ou Louis Aragon, qui en deviendra rédacteur en chef en 1953 avec le soutien financier du Parti communiste. La rédaction suit la ligne rigide pro-soviétique du parti communiste avant de critiquer l'invasion de la Tchécoslovaquie et de se voir ainsi retirer son soutien financier et fermer en 1972. Les Lettres françaises paraissent ensuite mensuellement de 1990 à 1993, en supplément de l'Humanité en 2004.