Comme l’écrit si bien Louis Delorme dans la préface du précédent ouvrage de Gérard Cazé, on retrouve la versification rigoureuse du poète, musicale, rythmée, ainsi que sa prose humoristique.
Le style de Gérard est riche, toujours humaniste, et l’on retrouve au-delà de son hypersensibilité la rime juste, le verbe exact qui savent émouvoir le lecteur, lui mettre la larme à l’œil.
Parce que Gérard est un poète authentique. Il ne « bâtit » pas ses poèmes. L’inspiration naturellement vient à lui. J’ai le sentiment que ses vers macèrent dans son esprit autant que dans son cœur, et qu’il tire ensuite le fil qui fait venir à lui, jusqu’au lecteur, les mots justes…
Cela se ressent parfaitement si vous lisez à voix haute un poème de Gérard où l’on sent que la rime se pose naturellement dans la voix du diseur.
Que de thèmes abordés comme la vie, l’amour, le temps, l’actualité, la révolte, l’amitié si chère au poète qui rend hommage à Louis Delorme, à Roland Jourdan, à d’autres amis auteurs ou non qui ont marqué à un moment précis sa vie…
De magnifiques poèmes sont dédiés à son épouse.
(…) J’aime quand ton regard peint ma vie en couleur
De mots qu’on n’entend pas, mais qui font un poème,
J’aime quand, près de toi, j’entends battre ton cœur,
Que tu berces mon corps au son de tes « je t’aime ».
Nous retrouvons l’humour de Gérard dans ses textes en prose mais également dans ses poèmes… avec élégance.
Gérard Cazé a le don d’être poète, mais je crois qu’il a surtout le don d’être lui-même au fil de ses inspirations.
Pour clore ma préface, deux vers de Gérard
(…)Ensemble enivrons nous de ce nectar suprême,
Versons sur notre cœur la magie du poème. (…)
Thierry SAJAT
On a dans notre tête un concentré d’images,
Que les mots ont parfois du mal à exprimer
C’est, à force d’écrire et de se concentrer
Qu’un sonnet sort de l’ombre et montre son visage.
Il contient nos valeurs, trait de notre passage,
De nous-même un reflet que l’on veut partager
Bien qu’on y trouve encor à boire et à manger,
Une fois digéré, il nous livre un message.
Mais que deviendront-ils, quand je ne serai plus
Ces poèmes écrits qu’on n’aura jamais lus ?
Au mieux dans un placard, prendront-ils la poussière.
Au pire ils serviront pour allumer le feu
Mais, là, c’était écrit puisque dans certains d’eux
Je déclarais ma flamme en termes incendiaires.
Chaque poème est précédé d'une citation de plumes célèbres.
Ce recueil est né à la suite d'une demande de la municipalité de Noisiel (commune de Marne-la-Vallée) qui souhaitait disposer de poèmes à lire lors de la célébration des mariages.
Chemins et méandres de l’amour
De vos doigts enlacés sur la carte de tendre
Pour toujours
Empruntez, cœur ardent, les chemins et méandres
De l’amour
Aujourd’hui, s’ouvre à vous, le grand livre du bonheur
De la vie
Au présent, au futur, tracez à l’encre du cœur
Si jolie
Un horizon radieux, éclairé du sourire
D’un enfant
Soyez riches l’un de l’autre, bâtissez un avenir
Bienveillant.
Mireille Héros
Le 9 octobre 2024, Geneviève Haroche Bouzinac, présentait la plus célèbre des épistolières françaises : Madame de Sévigné. Elle lui a consacré une volumineuse biographie (près de 600 pages), couronnée par le prix Goncourt.
Écrites entre 1648 et 1696, les lettres de Madame de Sévigné sont d’abord destinées à un cercle privé auquel elle s’adresse avec une grande liberté de ton pour narrer ce que son esprit vif retient des frasques de la Cour de Louis XIV. Lire la suite
De Caen à Aix-en-Provence, de Paris à Heidelberg en passant par Bâle, on le rencontre partout. On ne compte plus le nombre de places, d’édifices, d’établissements scolaires qui portent son nom. De nombreuses études et biographies lui sont consacrées. Considéré par ses contemporains à la fois comme un génie et un tyran qui ne supportait aucune faute de Français, cet homme se nomme François de Malherbe.
Au cours de la conférence donnée à l’Académie de la Poésie Française le 18 septembre 2024, Mireille Héros a dressé le portrait de cet homme, qui toute sa vie, n’a eu de cesse de se prévaloir de son ascendance. Par besoin de reconnaissance ou pour combattre les incertitudes qui pesaient sur les origines de sa famille et dont le journal satirique « Le sottisier de Chamillart » s’était moqué : « Les Malherbe viennent de paysans de Missy, dont l’un s’est établi à Caen comme tanneur », nul ne le sait. Cette volonté farouche d’être considéré comme un noble est l’un des traits incontestables de sa personnalité.
Chez Daniel Ancelet, pas d’ironie. Pas davantage d’humour, tout au moins si on prend humour dans son sens véritable (ceux qu’on appelle humoristes aujourd’hui sont au mieux des pitres, qui font rire parce qu’on dit au public qu’il faut rire, et des pitres qui en fait de pitreries n’arrivent pas à l’orteil d’Henri Salvador). Non, Daniel Ancelet a de l’esprit, c’est un Sacha Guitry -bonzaï, qui produit non du théâtre, mais des poèmes courts (souvent des quatrains). Qu’est-ce que l’esprit ? ah, c’est bien difficile à définir, c’est l’art de la pirouette, de la pointe finale, du rapprochement inattendu… C’est parfois gentil, voyons cette Berceuse :
Dormez, ma gentille hirondelle
Dans le nid blond de vos cheveux.
En rêvant, vous êtes si belle
Que ça fait rire le bon Dieu.
Et c’est quelquefois vachard, je veux dire satirique :
Est-ce l’écrit ou bien l’écran,
C’est un bien drôle de ménage.
Chacun présente un avantage,
Chacun a son inconvénient.
En vérité, je vous le dis
Puisqu’il faut le redire encore :
C’est bien l’écran qui nous dévore
Mais c’est l’écrit qui me nourrit.
Les thèmes que choisit Daniel Ancelet sont divers. Les oiseaux bien sûr, les chats, les canards, les ours. Mais il aime particulièrement les Muses et les femmes ; d’ailleurs, pour lui les muses sont des femmes et les femmes sont des muses et de leurs amours, il tire tout un art poétique. Il pratique la fable, il nous livre La Gomme et le crayon ou Le vieux chien et le jeune léopard d’une sagesse piquante. Il aime la rime (il est très anti-Char), il est même plutôt champion sur la rime : une série de distiques (il aime les distiques) ont toujours une de leurs rimes en -arme et ça ne sent absolument pas la cheville. Faut le faire.